rentrée 2010 : pas de fermeture de classe à Cucq

Publié le 26 février 2010 par ipriath

La nouvelle est officielle :

nous n'aurons aucune suppression de poste à la rentrée 2010, donc aucune fermeture de classe dans les écoles de la commune ! (Plusieurs communes voisines (dont Le Touquet, Berck, Rang du Fliers, etc...) n'ont pas eu cette chance !).

Il me semble utile de rappeler que l'administration académique décide des suppressions (ou créations) de postes, mais pas des fermetures de classes : une suppression de poste dans la commune revient certes à fermer une classe, mais cette fermeture est de la responsabilité du maire qui prend la décision du choix de l'école où cette classe sera fermée (exemple de la suppression, il y a trois ans, du cycle 3 à Stella pour éviter une suppression de poste à l'école de Trépied)

Nous ne pouvons que nous réjouir de cette situation de statu quo dans la commune, bien évidemment ! Les effectifs des classes ne sont pas trop lourds dans l'ensemble, et permettent aux enseignants de travailler dans de bonnes conditions ...

Quoiqu'un effort

reste à faire dans le domaine de l'équipement et notamment du parc informatique (les parents n'ont pas à financer, dans notre école publique, les équipements , sauf par le biais des impôts. La gratuité de l'école publique doit être une réalité...), la commune examine toujours avec grande attention les demandes formulées par les équipes pédagogiques et y répond en général favorablement (l'école de Trépied a vu sa demande d'ordinateurs portables retenue lors du débat d'orientation budgétaire, et le Conseil municipal est prêt à examiner les demandes éventuelles des autres écoles lors du prochain budget).

Mais cette situation est précaire :

la population de la commune est vieillissante,
l'absence d'une politique d'accueil de jeunes ménages aux ressources modestes (prix de l'immobilier prohibitif) entraîne une diminution du nombre d'enfants scolarisables,
la politique gouvernementale de réduction des postes de fonctionnaires, et notamment d'enseignants se poursuit hélas (encore 650 suppressions de postes d'enseignants à la rentrée prochaine dans l'académie de Lille, plusieurs milliers depuis 5 ans...), au détriment de la qualité de l'enseignement...

Notre commune, riche de ses 5 écoles réparties dans les trois hameaux, a déjà perdu plusieurs postes ces dernières années, a vu les élèves de cyle 3 de l'école de Stella être précipitamment transférés à Trépied (pour éviter une suppression de poste dans cette école...), et sera probablement confrontée rapidement à d'autres suppressions de postes dans les années à venir, compte tenu des prévisions démographiques...

Sans fermeture de classe cette année, nous avons donc une année de "répit" que nous devons exploiter !

Je salue le travail d'accompagnement et de suivi mené par les élus en charge des écoles, qui répondent au mieux à leurs besoins immédiats.

Mais jusqu'à présent, en matière de structure pédagogique, la commune n'a souvent (toujours ?) réagi qu'après notification de la décision des instances académiques ; certaines mesures ont donc été prises dans la précipitation (exemple du transfert des élèves de Stella), sans aucune concertation avec les parents notamment, et sans réflexion sur les incidences de ces mesures à terme.

Les rumeurs circulent donc, et certains parents n'hésitent pas, en l'absence de carte scolaire, à changer leurs enfants d'école au sein de la commune, voire dans les communes limitrophes (même sans l'excuse du travail à l'extérieur de la commune) ou dans l'enseignement privé.

Cette façon de réagir au "coup par coup" n'est selon moi pas satisfaisante, surtout quand l'existence même de nos écoles est menacée ! L'attentisme ou la résignation ("nous sommes dans une impasse", "il n'y a pas de solution") sont de bien piètres moteurs...

Alors, pourquoi ne pas mettre cette année de "répit" à profit pour réfléchir ensemble à une réelle politique de l'école dans notre commune ? :

il conviendrait d'abord de définir clairement les objectifs "politiques" de la commune (qui n'ont jamais été clairement définis...) avec tous les acteurs (responsables, parents, enseignants, équipes éducatives, etc...), sous la responsabilité de la commission des affaires scolaires et de le jeunesse, force de proposition devant les instances municipales :

veut-on réellement attirer de nouveaux jeunes actifs dans la commune pour "alimenter" les écoles ? (par le biais de la politique sociale et d'urbanisme notamment) ou préfère-t-on laisser la situation en l'état, avec une population vieillissante et de moins en moins d'enfants ?
veut-on tenter de conserver une école dans chaque hameau, ou au contraire opérer une centralisation des enseignements ?
veut-on regrouper les enfants d'un cycle scolaire ou les laisser dispersés ?
veut-on mettre en place un système de "carte scolaire" à l'intérieur de la commune ou au contraire laisser le choix de l'école aux parents ?
veut-on accueillir les enfants dès l'âge de deux ans dans une ou plusieurs écoles ?
etc...

Une fois la politique de la commune clairement définie et les objectifs précisés, une étude prospectivepermettrait de planifier des actions ; pour cela, il conviendrait, avec tous les acteurs concernés, de :

mettre à plat toutes les données (évolution démographique, effectifs des enfants scolarisés et scolarisables, des enseignants, équipements, infrastructures immobilières, transports scolaires, etc)
intégrer les prévisions d'urbanisme de la commune en termes de logements sociaux ou accueillant des jeunes actifs
faire les études de cohortes permettant de prévoir approximativement l'évolution des effectifs (un enfant entré au CP en 2010 se retrouvera a priori en CM2 en 2014, et les "flux migratoires" sont pris en compte)
envisager toutes les hypothèses possibles en cas de fermetures de classes en tenant compte de la politique municipale : fermeture d'une école, construction d'une école unique, spécialisation des écoles en cycles, etc... en envisageant pour chaque hypothèse les conséquences en termes d'investissements (constructions, affectation de locaux libérés), d'infrastructures (transports, cantine, etc...), de contraintes (fratries dans plusieurs écoles, déplacements, horaires...), et de coût
soumettre ces hypothèses (avec avis de la commission des affaires scolaires) aux instances de décision communale, afin que celles-ci opèrent un choix réfléchi

D'aucuns me croient utopique ou irréaliste.
Mais je persiste à penser que dès que l'éducation de nos enfants est en jeu, que leurs conditions de vie sont en jeu, nous nous devons, en adultes responsables, de ne rien négliger pour leur donner le maximum de chances de réussite dans leur cursus scolaire et dans leur vie. C'est le rôle de notre école publique !
Nous pouvons nous tromper, mais nous n'avons pas le droit d'agir dans la précipitation alors qu'il nous est possible de réfléchir ensemble (enseignants, élus, parents, élèves eux-mêmes) et de proposer les solutions qui nous paraissent les meilleures pour leur avenir. Nous n'en avons pas le droit.